mardi 29 août 2017

Conférence du Dr Jonathan Bohbot - L'odorat du moustique, s'en protéger et s'en inspirer

Fin mai, j’assistais à une conférence intitulée de manière humoristique : « Vous partez en vacances cet été, ils le sentent ! » donnée par le Docteur Jonathan Bohbot. Et mes dernières piqures de moustique me rappellent qu’il faut que je vous en parle sans plus tarder…
Ce chercheur mène des études sur les systèmes olfactifs des insectes depuis 1998, et propose de se protéger de l’odorat du moustique, et de s’en inspirer.
 
Le moustique est l’animal le plus meurtrier, avec entre 500 000 et 1 million de personnes tuées par an indirectement suite à une piqûre (en réalité, une morsure). En effet, les moustiques sont des vecteurs de maladies telles que le paludisme, la fièvre jaune, le chikungunya, la dengue, le zika…Ils transmettent ces virus, s’ils ont piqué, au préalable, une personne infectée.
Mâles et femelles insectes se nourrissent de nectar de fleurs. Seule la femelle prélève du sang, non pour son alimentation propre, mais pour la maturation de ses œufs. Les larves sont déposées dans de l’eau.
Le moustique repère sa cible grâce à son odorat, même si des indices thermiques et visuels interviennent aussi. Saviez-vous que l’homme produit environ 2000 odeurs à lui seul ? Parmi celles qui trahissent notre présence, voici celles qui attirent le moustique : les traces d'acides gras comme l'acide butyrique ou lactique, d’octénol (une odeur qui évoque les sous-bois), d’indol (une des molécules de l’odeur du jasmin, entre autres), de scatol (une des molécules de l’odeur du narcisse), de substances ammoniaqués (produites par des micro-organismes, à la surface de la peau).

Le moustique a plusieurs nez : ses antennes et sa trompe.
Les neurones olfactifs chez le moustique se situent à l’extérieur de lui-même, contrairement à l’homme. (cf schéma ci-dessous – extrait du site internet du Dr Bohbot)
 
Le moustique dispose de 5000 neurones olfactifs, quand l’homme en dispose de cinq millions.

Les gènes des récepteurs olfactifs de l’homme ont été identifiés en 1991 par Linda Buck et Richard Axel, et sont au nombre de 400. (Cette découverte a été couronnée en 2004 du prix Nobel de Physiologie et Médecine).
Chez le moustique, on dénombre une centaine de gènes de récepteurs olfactifs.
Un récepteur permet de reconnaître plusieurs odeurs. Et une odeur peut être compatible avec plusieurs récepteurs. Malgré l’avancée des recherches, le mécanisme précis de l’olfaction demeure mystérieux.
 
Le Dr Jonathan Bohbot a identifié, chez les moustiques, grâce à des expériences requérant une extrême précision et rigueur, trois récepteurs clés. Ils sont activés chez l’ensemble des moustiques, par des molécules d’octénol, d’indol ou de scatol (molécules qui traduisent pour l’insecte, potentiellement, la présence d’hommes).
Ce ne sont pas des récepteurs de phéromones.
L'idée du Dr Bohbot est de développer un produit qui inhibe ces récepteurs.
Les répulsifs tels que le Deet le font déjà, mais requièrent de grandes concentrations. Le Deet n’avait, d’ailleurs, pas été, initialement, développé pour être un répulsif d’insectes. Cette propriété n’a été découverte que dans un second temps. Le Deet ne tue pas les insectes mais les met dans un état de confusion, en perturbant les récepteurs.
De plus, le produit développé serait plus spécifique, car viserait des récepteurs précis avec une forte sensibilité.
Ces recherches du Dr Bohbot conduiraient, aussi, à d’autres applications industrielles, comme le développement de nez artificiels, destinés au contrôle qualité. Mais la confidentialité des recherches ne me permet pas d’en révéler davantage…
 
A savoir, la traditionnelle citronnelle fonctionne, en partie, pour évincer les insectes l’été. Eviter des récipients avec de l’eau stagnante autour de vous également !
Et attention aux parfums composés de molécules florales et fruitées qui attirent, aussi, les moustiques avides de nectar !
 
Pour plus d’infos sur les recherches du Dr Bohbot : http://jonathanbohbot.weebly.com/