dimanche 19 mars 2023

Méditation parfumée

 

Elsa Bustamante, Valentine de Witt et Pauline Dumail sont venues nous parler de l’odorat lors d’une soirée du club HEC Spiritualités, le 21 février 2023.

Elsa Bustamante, MBA 2018, après quelques années en marketing, dans des maisons de créations et chez les marques clientes, a fait le choix de créer sa propre société de parfums : Inarasense. Son approche est originale. Elle propose des parfums à découvrir, tout en écoutant une musique créée spécialement pour chaque fragrance, par un violoniste virtuose.

Nous avons été invités à porter un masque de sommeil sur les yeux, à respirer profondément pour faciliter un état méditatif. Puis nous avons découvert un parfum Inarasense, accompagné de la musique écrite, pour cette composition parfumée.

L'expérience a suscité évocations et émotions, et nous avons été conviés à les partager. A certains, le parfum rappelait des souvenirs d’enfance, à d’autres il convoquait un voyage imaginaire.

Personnellement, je m’interrogeais sur la fragrance. Je me la décrivais comme poivrée en tête, fleurie rose, un côté solaire, et, dans le même temps, j’étais ailleurs, dans des pays parcourus avec des amis, avec mon époux. Cela m’a touchée.

Le nom du parfum, 528 Hertz, rappelle la fréquence des chants grégoriens, une vibration d’amour. Cela m’a replongée dans mon projet de fin d’étude au Grasse Institute of Perfumery dont le thème était justement l’amour. Je retrouve dans ce parfum 528 Hertz des similitudes avec mes accords, ceux de mes camarades de promotion. C’est impressionnant.

Porter ces parfums permettrait d’être accompagné des émotions occasionnées, lors des méditations parfumées et musicales.

Valentine de Witt, ISIPCA, avec plus de 10 ans d’expériences en évaluation chez les leaders des maisons de création nous a accompagnés pour la respiration, la méditation.

L’industrie des parfums est fascinante, mais la concurrence y est très vive, stimulée par des appels d’offres. Et il faut sentir vite, toujours plus vite. Cette évaluatrice a décidé de, désormais, prendre le temps de respirer les parfums, en proposant, entre autres, des programmes de bien être « Respiration et Olfaction ». Méditer avec les parfums permet de s’affranchir, quelques instants, de réalités complexes, de vivre un moment de beauté, de contemplation.

Valentine de Witt conseille également des particuliers et des marques, comme Parfum d’éveil.



Pauline Dumail, olfactothérapeute et aromathérapeute, a pris le chemin du parfum, notamment, avec l’écriture. Le titre de son livre « La vie est un parfum…Respirez-la ! » me rappelle le poème de Mère Théresa « La vie est la vie. La vie est beauté, admire-la, la vie est félicité, profites-en, la vie est un rêve, réalise-le…  ». 
Nous avons été, là aussi, incités à méditer en respirant un accord sur le thème de la connaissance de soi. Nous écoutons une valse, les yeux masqués, avec la touche parfumée. Je dois dire que je suis surprise par l’enchevêtrement des huiles essentielles, crissant au premier abord. Je sens un côté géranium, patchouli, et une facette fraîche, citronnée. Puis, je me laisse emporter par le tourbillon de la valse, et me remémore celle de mon mariage, des instants suspendus de bonheur. Ensuite la musique s’arrête, et Pauline Dumail récite un poème de sa création, sur ce thème de la connaissance de soi. A la fin de cet approfondissement parfumé, musical et poétique, l’accord semble s’être adouci, et je ressens principalement la note citronnée et le patchouli.

Nous retirons nos masques, et échangeons sur les impressions de chacun. Beaucoup ont été surpris par la facette métallique de l’accord, en tête. C’est, aussi, un effet souhaité par Pauline Dumail, car l’introspection est un sentier ardu.

L’accord est composé de 5 huiles essentielles :

-le nard, le patchouli, pour les abîmes à sonder en soi-même,

- la rose, symbole de beauté, de perfection, d’amour

- le petitgrain mandarinier qui apporte une touche fruitée, un peu métallique, grinçante

- le litsea cubeba pour la jovialité

Le but de ces méditations est de vivre une déconnection momentanée, afin de sentir mieux, et d’aider les autres à se sentir mieux, aussi.

Valentine de Witt nous avait promis davantage de capacités de concentration le lendemain. Ce fut le cas. Je me suis sentie plus calme, plus sereine, plus efficace le jour suivant.

Merci aux intervenantes pour leur audace dans ce monde des odeurs, leur authenticité, et au Club HEC Spiritualités pour cette soirée.

mercredi 15 septembre 2021

Voyages Immobiles - Le Grand Tour - Diptyque

 Pour l’anniversaire des soixante ans de la Maison, Diptyque organise une exposition intitulée « Voyages immobiles – Le Grand Tour ».

Le lieu de l’exposition « La Poste du Louvre » est, déjà, une invitation à l’ailleurs.

La brochure, donnée à l’entrée, présente les 9 artistes ainsi que leurs œuvres. Cinq destinations sont mises à l’honneur : Paris, Venise, Milies (Grèce), Byblos (Liban), et le Japon. 5 nouveaux parfums correspondent à ces destinations.

Le parfum Paris, réalisé par Olivia Giacobetti, évoque l’odeur des livres anciens, celle du bois ciré des antiquaires, et du pavé parisien. J’ai, aussi, une impression de clou de girofle. Cette fragrance accompagne la création « Un temps après la jeunesse » de Joël Andrianomearisoa : 34 panneaux associant dessins et poésie (comme le 34 bd St Germain). Des noms de fragrances et matières premières sont égrenés dans cet hymne. C’est la première étape, et le voyage commence déjà. Les préoccupations, le quotidien se dissipent, et laissent la place à un instant de liberté donné par les artistes, leur vision, leur univers.

Avec Gregor Hildebrandt, nous faisons escale à Venise. Sa création "Wo das Wasser rinnt" avec ses disques vinyles fait naître des images de la lagune. J’ai aimé l’installation Summertime, réalisée avec des boîtes de cassettes en plastique. Une silhouette y est imprimée au jet d’encre. Ces boîtes de cassettes évoquent une autre époque, convoquent une certaine nostalgie. Et la silhouette semble un peu floue, comme dans un souvenir.

Dans cette même salle, il y a un second parfum sur le thème de Venise cette fois, créé pour La Laguna de Johan Creten. Le parfum de Cécile Matton est une approche originale pour évoquer la Sérénissime : des notes vertes, de basilic, de poivron vert avec des accents de mandarine et de vétiver. La Laguna est une miniature en bronze d’une sirène immergée dans une cire bleu vert. Elle émerge peu à peu lorsque la bougie se consume. C'est, aussi, une représentation des épisodes inquiétants d’acqua alta.

Au premier étage, accroché au plafond, l’arrangement de Ange Leccia avec ses globes terrestres identiques alignés nous interpelle, suscite des images de mappemondes anciennes, de voyages lointains. Cette disposition peut nous rappeler, aussi, l’urgence à prendre soin de notre planète, dans la course à la vitesse de notre monde.

Nouvelle halte, en Grèce, à Milies, avec l’artiste Zoë Paul, et une de ses créations « The Cave of Chiron ». Chiron, dans la mythologie grecque, était un centaure réputé pour sa sagesse, et son art de guérison. Son nom est dérivé du mot grec kheir qui signifie « main ». L’artiste a réalisé un rideau de perles de céramique en forme de main. Son œuvre abrite aussi un palet de porcelaine parfumé à l’immortelle, au cyprès et au figuier. Le parfumeur est Olivier Pescheux. Je suis impressionnée par l’équilibre entre le côté ambré, chaud de l’immortelle, et la fraîcheur apportée par le cyprès et le figuier

La salle suivante nous invite au Liban dans un Byblos rêvé par l’artiste Chourouk Hriech. J’aime beaucoup le graphisme de ses papiers peints et dessins. Et quelle belle question soulevée avec sa vidéo « A qui appartiennent les cieux ? »

Dans cette même salle, Secretum de l’artiste Rabih Kayrouz, a été une source d’inspiration pour Byblos, le parfum  de café, de cardamome, de cèdre imaginé par le parfumeur Fabrice Pellegrin. J’apprécie l’association singulière du café et de la cardamome.

Une autre halte est prévue, en Grèce, de nuit, cette fois, à Athènes avec l’artiste Andreas Angelidakis. C’est un voyage entre la Grèce antique et moderne avec le thème commun des ruines : ruines archéologiques, et ruines numériques ou « post-ruines ». Cette installation nous incite à nous interroger sur le devenir des milliers de données laissées sur internet. L’artiste a réalisé des modules en coussin de mousse avec un décor de marbre qu’il est possible d’empiler, ou d’arranger à sa guise pour s’asseoir. Symboliquement, avec ces modules, chacun est enjoint à reconstruire le monde.

Enfin, une dernière salle nous accueille avec un tableau monochrome de teinte jaune orangée, un parfum héspéridé de Alexandra Carlin, le chant d’oiseaux, qui provient d’un film sur Kankitsuzan « La Montagne des Agrumes ». Nous sommes transportés , grâce à nos sens, sur la Riviera japonaise, invités à méditer sur la relation de l'homme avec la nature.

C’est la pièce dédiée au travail de Hiroshi Sugimoto.

Fragrance of Infinity est un flacon en verre optique conçu par l’artiste.

Notre tour n’est pas tout à fait terminé. La boutique éphémère est dans la continuité de l’exposition, car elle propose des créations d’artisanat d’art, comme la porcelaine de Gien, ou encore de splendides bougeoirs en bronze, réalisés selon de savoir faire du moulage à la cire perdue par Ossana Visconti.

L’agencement sur un mur entier réalisé avec des cartes postales est très design aussi.

Le temps d’une exposition, Diptyque nous convie à un voyage sensoriel, dans différentes destinations. Les créations des artistes rajoutent à l'exotisme une respiration, un moment de liberté, de beauté. L'art donne un supplément d'espace.

vendredi 14 août 2020

Le métier de parfumeur-créateur au cinéma

Les films, où les protagonistes évoluent dans la sphère des parfums, me semblent peu fréquents.

« Dans un grand vent de fleurs », série datant de 1996, me vient à l’esprit. L’intrigue se joue, à Grasse, dans les années 1990, entre l’héritier d’une dynastie d’industriels du parfum, et une jardinière cultivatrice de jasmin. L’ancienne usine Roure a servi de décor, ce qui permet de voir des installations comme des extracteurs. Les fleurs emblématiques de Grasse : jasmin grandiflorum, rose centifoglia, mimosa (massif du Tanneron) sont mises à l’honneur. Cependant, le métier de créateur de parfums n’est pas au centre de la série.

Je me souviens de  « Prête-moi ta main », en 2006, où Alain Chabat campe le rôle d’un parfumeur actuel. La compétition entre les différents laboratoires de création pour gagner un brief d’une marque est présente. Le métier de nez, en revanche, y est peu évoqué.

En 2006, sort, également, « Le Parfum, histoire d’un meurtrier », adapté du roman Le Parfum, de Patrick Süskind. Le personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille, a un don exceptionnel pour les odeurs et la création de parfums, mais l’action se passe au 18ème siècle, et le parfumeur va jusqu’à tuer des jeunes filles pour capturer leurs odeurs…

Dans le film « Les Parfums », au cinéma en 2020, le processus créatif du métier de parfumeur est davantage mis en lumière. Emmanuelle Devos joue le rôle d’un nez indépendant contemporain. Elle est amenée à travailler sur différents sujets. Par exemple, elle doit reconstituer le  parfum d’une grotte ornée de peintures rupestres. Cette fragrance doit permettre au visiteur de la grotte reproduite, d'avoir la sensation d'être dans la grotte originelle. Son chauffeur Guillaume (Gregory Montel) l’accompagne, découvre peu à peu cet univers, et les difficultés de cette parfumeuse taciturne.

Le sujet délicat et douloureux de l’anosmie (perte partielle ou totale de l’odorat réversible ou irréversible) y est abordé. Pour un parfumeur, c’est une catastrophe. Un cas connu est celui du parfumeur Jean Carles, premier directeur de l’école de parfumerie Roure, qui perdit l’odorat à la fin de sa vie. Néanmoins, il continua à travailler grâce à sa mémoire des ingrédients et des accords. Il est, parfois, comparé à Beethoven.

Au-delà du scénario, ce sont quelques séquences qui ont retenu mon attention :

Celle où Anne Walberg (Emmanuelle Devos) enjoint Guillaume à donner ses impressions sur une matière première qu’elle lui donne à sentir. Il se remémore des vielles maisons avec des meubles en bois, des bancs d’églises. L’ingrédient en question est la cire d’abeille. Je reste toujours fascinée par le pouvoir évocateur des odeurs. Elles nous transportent à travers le temps, et l’espace.

Dans une autre scène, Anne Walberg mentionne certaines matières premières qu’elle pense utiliser pour réaliser un accord d’herbe, de feuillages : triplal, cis-3-hexenol, liffarome. Des termes que j’ai eus plaisir à entendre dans un film.

Enfin, un dernier passage, lorsque Guillaume devenu le collaborateur de Anne Walberg, présente son métier à la classe de sa fille. Il invite les enfants à sentir la limette, la cannelle, puis les deux touches ensemble. Et, là, surgit avec joie et étonnement, l’évocation du coca cola chez les petits.

« Les Parfums » est un beau film, rare, sur les tribulations du métier de parfumeur de nos jours.

vendredi 24 avril 2020

Quelques bonheurs donnés par les fleurs du printemps en ce temps de confinement

En cette période de confinement, le réveil de la nature est un réconfort.
A l’occasion des déplacements brefs autorisés, contempler les fleurs écloses, et respirer leurs parfums est un apaisement.

Le long des parcs fermés, quelques lilas s’échappent des grillages, et nous offrent leurs parfums fleuris, frais, amande, un peu cannelle. Avec cette senteur, reviennent en mémoire des après-midis passés en famille, avec des amis, dans des jardins.

Puis, au détour de certaines rues, c’est la glycine qui fait son apparition le long des murs et portails, avec ses grappes foisonnantes. Et lorsque nous nous rapprochons, son parfum floral fruite poudré épicé nous enivre. Les abeilles sont au rendez-vous !


D’autres parfums de fleurs moins connues surprennent agréablement, comme par exemple, l’Oranger du Mexique. Sa fragrance puissante fleurie amandé se respire de loin.


Voir les arbres avec leur panache retrouvé de feuillages et de fleurs est un adoucissement. Celui qui m’émeut le plus c’est le marronnier… Ses fleurs et son odeur me rappellent la fin des années scolaires de mon enfance,  et la promesse des jours heureux d’été.


Les roses, reines des fleurs, aux parfums si caractéristiques fleuris, miellés, fruités, verts, légèrement épicés, sont déjà présentes, et ravissent toujours autant nos sens.

Avec le confinement, les rues sont plus silencieuses aussi, et permettent de mieux entendre le chant des oiseaux. Ces gazouillis attirent davantage l’attention de mon fils, bébé, que les fleurs, et leurs parfums !

Le temps d’une promenade, ces incursions de la nature en ville, nous font oublier le Covid 19, et ravivent la joie procurée par le printemps.

dimanche 17 novembre 2019

Tendances vues au salon Maison & Objet - Home Fragrances

Quelques mots sur le salon Maison & Objet qui s’est ténu début septembre à Paris, dont une partie était dédiée aux « Home fragrances ».


Plusieurs tendances se confirment.

Une marque italienne, Danhera, a retenu mon attention, car elle propose aussi bien des bougies luxueuses, que des produits d’entretien pour la maison, sans toxique, sans colorant et biocompatible, qui respectent l’environnement et la santé de l’homme. Certaines gammes, comme "Fragrances de linge" ont été développées avec des parfums particulièrement raffinés.



Une autre société, le Mas du roseau, exposait, aussi, des produits d’entretien (lessive douce pour le linge de bébé, produit de nettoyage pour biberons,…) et d’autres produits dans l’air du temps : shampoings, et dentifrices solides, afin d’éviter trop de packagings en plastique.



Cette volonté de limiter les déchets plastiques se retrouve chez différentes sociétés, dont Autour du Bain. Cette entreprise exposait des savons à la coupe, des shampoings et dentifrices solides dans des pots en aluminium. Leurs savons à la coupe organiques sont, aussi, des « savons- soins » ; un ingrédient naturel y est choisi pour ses vertus, et peut orienter le parfum du savon. Par exemple, le savon à l’huile de figue reconnue pour maintenir la souplesse et la tonicité de la peau, ou encore le savon à l’huile de Tea tree, recommandée pour le traitement de l’acné, et des peaux grasses.


Par ailleurs, certains produits ludiques ont retenu mon intérêt. Ainsi, Tentation Cosmetic présente, pour les jeunes filles, des masques de soin en tissu à l’effigie de princesses de Disney. Les soins diffèrent selon la princesse (à l’eau de Rose pour Belle, à l’huile essentielle de Lavande pour Aurore…). Ces masques peuvent, comme c’est la mode actuellement, être utilisés pour réaliser des selfies partagés, ensuite, entre copines. Tentation cosmetic propose aussi des masques paillettes dans la même mouvance.



Un autre stand m’a intriguée pour son univers original. Il s’agit de la marque « Un soir à l’Opéra ». La fondatrice, dont la mère était chanteuse lyrique, a développé une gamme de bougies et parfums d’intérieur autour des opéras les plus connus. Le personnage de Carmen, par exemple, est évoqué à travers des notes de fleurs de cassie, de feuilles de tabac, de fleur d’oranger et de jasmin.



Ce salon m'a permis d'admirer des objets précieux, design, de découvrir de nouveaux univers et parfums, et de retrouver la tendance de produits respectueux de l'environnement et de la santé.

lundi 31 décembre 2018

Rencontre entre l'oenologie et la parfumerie, par Richard Pfister


En novembre dernier, Richard Pfister, œnologue et parfumeur, donnait une conférence sur les liens entre vin et parfum, au musée Fragonard.

Odorat et goût sont liés. Nous percevons le salé, l’amer, le sucré, l’acide et l’umami  grâce à nos papilles gustatives situées dans notre bouche. Les autres nuances des saveurs sont perçues avec l’odorat de façon directe, et par voie retro-nasale (Les molécules passent par l'arrière de la bouche, et remontent en direction des fosses nasales. C'est ce mécanisme qui permet de percevoir, à partir du système olfactif les caractéristiques aromatiques des aliments).

En œnologie, comme en parfumerie, un entraînement particulier permet de reconnaître les odeurs, et de les décrire avec un vocabulaire spécifique. 
Pour l'évaluation sensorielle dans les deux domaines, une dominante va être identifiée (fruitée, florale, épicée, animale…), puis des sous-familles vont être distinguées. Préciser, ensuite, l’ingrédient exact est l'idéal, comme une note fleurie de fleur d’oranger. 
En œnologie, l’entraînement olfactif vise, en premier lieu, à identifier les défauts comme une odeur de bouchon, par exemple.
Ci-dessous une classification pour les facettes des vins, qui présente des similitudes (fruité, floral, animal, épicé, boisé,...), et des divergences avec celles des parfums  (empyreumatique,...) 


L’approche pour le vin est différente, dans la mesure où il n’y a souvent qu’une seule vinification par an, et qu’un ensemble pré-existant est là.
En revanche les buts sont proches : comprendre le produit, en améliorer la qualité, et la communication, afin de mieux vendre !
Près de 1000 molécules organoleptiques sont présentes dans un vin. Déceler les défauts est crucial, afin de prendre les bonnes décisions concernant la cave (réduction/oxydation…), la vigne (stress hydroazoté…), les analyses à réaliser... Caractériser les odeurs positives comme, entre autres, celle du furanéol (odeur de fraise, caramélisée), est important, afin d’avoir une meilleure compréhension de chaque vinification, et de mettre au point une communication, auprès du consommateur ou prescripteur.

Après ces explications, arrive le moment de sentir :
La première touche distribuée est une odeur de café composée par un parfumeur.
La seconde touche est du linalol. C’est une molécule qui se retrouve dans diverses matières premières (fleur d’oranger, lavande, bois de rose, basilic, magnolia, bergamote…), ce qui la rend ambivalente. Pour certains, le linalol évoque la lavande, pour d’autres, la bergamote…Je trouve cela fascinant qu'une même molécule se retrouve dans des ingrédients si divers.
La troisième touche est une essence de poivre noir. Le poivre a des molécules communes avec d’autres épices, aromates, fleurs…et peut, par conséquence, les évoquer sous certains aspects.

Richard Pfister a écrit un livre intitulé « Les parfums du vin », où une page est consacrée à chaque matière première de sa classification Oenoflair :


Page Poivre noir du livre "Les parfums du vin" de Richard Pfister
Puis arrive le moment tant attendu de la dégustation.
D’abord un vin blanc, où sont discernées, au nez et en bouche, la famille dominante fruitée (ananas, fruit de la passion, pamplemousse) et des facettes minérale (pierre de fusil) et végétale (bourgeon de cassis, buis). Le vin est un Touraine Sauvignon.
Puis, vient un vin rouge Côtes du Rhône Crozes-Hermitage, avec une note animale (cuir) dominante. Des notes empyreumatiques (bouleau, caramel), végétale (champignon), épicée (vanille) et fruitée (mûre) sont présentes aussi.
Nous finissons en beauté avec un champagne cépage Chardonnay aux accents agrumes mandarine, végétal lierre et fleuri fleur d’oranger.

Cette conférence donne envie de prendre le temps de distinguer les facettes des vins, de s'y entraîner, afin de mieux les savourer.

vendredi 16 novembre 2018

Dans les champs de Chanel – Jardins, Jardin 2018 aux Tuileries


En juin dernier, il était possible d’avoir un aperçu des champs de fleurs cultivées à Pégomas, par la famille Mul pour les parfums Chanel, lors de l’exposition Jardins, Jardin aux Tuileries. Une incroyable parcelle éphémère de 200 m2 avait été installée, à cet effet, en plein cœur de Paris.

Ce jardin a été une prouesse orchestrée par Olivier Riols, paysagiste. En effet toutes les fleurs ont leur propre cycle, et ont dû s’épanouir à la même date pour cet évènement.

J’ai eu la chance de connaître les champs de fleurs de Pégomas, tout à côté de Grasse, lors de ma formation à l’Institut de Parfumerie de Grasse. C’était magique d’évoluer parmi les rosiers centifolia en mai, de les frôler, d’être entourée de leur parfum, de visiter l’usine où sont obtenus la concrète et l’absolu.

Le champ-jardin installé aux Tuileries m'a remémoré cette belle expérience des champs de Pégomas. 
Lors de la file d'attente, le parfum enivrant du jasmin s’échappait déjà de l'enceinte.



A l’entrée, une guide nous invita à la suivre pour la visite, et nous présenta les fleurs emblématiques cultivées à Pégomas (sur 20 hectares) pour la Maison Chanel : Géranium rosat, Iris Pallida, Rose de Mai, Tubéreuse, et Jasmin.

Au premier plan le géranium rosat, puis les iris, les roses centifolia, les tubéreuses, et le jasmin le long des murs
- La famille Mul est en partenariat avec Chanel depuis plus de trente ans, sur l’initiative du parfumeur Jacques Polge. –

L'essence de géranium rosat est extraite de la feuille. Lors de la visite, ce fut ludique de cueillir une feuille de géranium, de la frotter dans nos mains afin d'en sentir le parfum libéré.
J'étais contente de pouvoir m'approcher des roses centifolia, des tubéreuses et du jasmin, car il y a peu d'occasions, à Paris, de respirer ces fleurs fraîches.
Pour l'iris, ce n'est pas sa fleur qui est utilisée en parfumerie, mais c'est son rhizome, qui, après six années de patience et de travail, développe une richesse olfactive (cf article l'iris en majesté de mai 2018).


Rhizomes d'iris
Dans la bastide attenante au champ-jardin, nous avons pu sentir les extraits : absolu d’iris, absolu de tubéreuse, absolu de rose de mai, essence de géranium. Les absolus et essences évoquent avec puissance les fleurs. En effet, pas moins de 400 kg de rose centifolia sont nécessaires pour obtenir 600 g d’absolu.

Des parfums nous étaient, ensuite, conseillés en fonction de nos affinités pour certaines de ces matières premières d'exception. Gabrielle, parfum crée en 2017 par le parfumeur Olivier Polge, peut plaire, par exemple, à celles attirées par l’absolu de Tubéreuse.

En ces temps, où les parfums sont dits de plus en plus synthétiques, Chanel met en valeur le travail artisanal, et ajoute un supplément de rêve avec ces matières premières naturelles nobles et rares.