Le musée du parfum
Fragonard Paris organise des conférences olfactives.
Fin mars dernier,
le Dr Annick Le Guérer, y donnait une conférence fascinante sur le thème d’un
de ses ouvrages « Quand le parfum portait remède ».
Des touches à
sentir de parfums, composés par le parfumeur Dominique Ropion, nous ont été
distribuées, au cours de la soirée.
J’ai appris que le parfum fut le premier médicament. Les
médecins, sous l’Antiquité grecque, pensaient que les maladies provenaient de
la putréfaction, des odeurs fétides. Les bonnes odeurs, les parfums leur semblèrent
des remèdes.
C’est ainsi que, lors d’une grande peste à Athènes, le
célèbre médecin Hippocrate ordonna de dresser des bûchers odorants, dans le but
d’éloigner l’épidémie.
Un autre médecin grec, Plutarque, évoqua, dans ses
écrits, un parfum de l’Egypte ancienne, le kyphi, et disait qu’avec ses
fumigations « Les soucis
journaliers, qui sont comme autant de chaînes si pénibles, perdent de leur
douleur et de leur intensité ; ils s'affaiblissent et se relâchent, sans le
secours de l'ivresse. » Le kyphi était, aussi, utilisé délayé dans le vin afin de soigner les maladies
pulmonaires, hépatiques ou intestinales. Encens
(oliban), myrrhe, cannelle, cardamone, santal, baies de genièvre, coriandre,
lentisque, benjoin, citronnelle, boutons de roses séchées, miel, raisin, vin rentraient dans sa composition.
En Europe, les
parfums furent des médicaments du Moyen-Âge jusqu’au XIXème siècle.
Au Moyen-Âge, toute la vertu des médicaments était
concentrée dans leur odeur. Le parfum était l’âme de la plante. Médicament et
parfum n’étaient pas dissociés.
Les moines avaient pour vocation de soigner les malades
La
Thébaïde (détail) de Gherardo Starnina ( + vers 1410), où l'on
voit des moines cultiver leur jardin entouré d'une haie de verdure et de fleurs
ainsi que d'une palissade. Florence, Musée des Offices
Par exemple, dans
le jardin médicinal de l’Abbaye de St Gall étaient plantées : la mongette (pour
la digestion, le diabète), le fenugrec
(contre la fatigue, le diabète), le romarin (trésor pour la santé), la menthe
(contre la fatigue), le lys (antiseptique), la rose (panacée), le fenouil
(contre les troubles digestifs), la livèche (panacée) , le cumin (panacée), l'iris
(panacée), la sauge (panacée – vient du latin salvare qui signifie sauver).
Les moines trouvaient aussi des plantes médicinales dans
la nature.
Ils cueillaient, notamment, du genêt, des baies de
genièvre, afin d’assainir les maisons.
L’écorce de saule et la reine des prés étaient utilisées
afin de soigner la fièvre, les maux de tête, les rhumatismes. Le principe actif
contenu dans l’écorce de saule et la reine des prés est l’acide salicylique
(qui est devenu l’aspirine moderne !)
Les plantes étaient
macérées dans l’huile d’olive, le vin. En effet, la distillation arriva en occident
seulement à partir du XIVème siècle.
Les frères se
consacraient, aussi, à l’acquisition et la transmission des connaissances avec
la traduction de textes de médecins grecs et arabes. Ils traduisirent, entre
autres, un ouvrage arabe Taqwim al‑Sihha, traité médical écrit par Ibn Butlân vers 1050.
Au Xème siècle,
dans le Dauphiné, apparut l’ordre hospitalier de Saint-Antoine. Saint-Antoine
était évoqué contre le mal des ardents, une maladie dont on ne savait pas, à
l’époque, qu’elle était due au seigle avarié. Les religieux avaient mis au point
un baume, à partir de plantes et gras de mouton, afin d’apaiser les
brûlures internes intenses provoquées par ce mal.
A Florence, au
XIVème siècle, fut créé une pharmacie par les dominicains avec le soutien des
Médicis : Santa Maria Novella, devenue, aujourd’hui, une maison de
parfums.
Les rois et les nobles,
à partir du XIVème siècle, eurent des jardins aromatiques, afin de disposer de
plantes pour se prémunir des maladies.
Des petits objets raffinés
étaient utilisés, par les gens aisés, pour contenir les plantes médicinales.
Certains étaient ornés de pierres précieuses aux vertus dites bénéfiques. Des
pommes de senteur étaient, ainsi portées au nez, afin de se prémunir des odeurs
de la rue, et des maladies.
Les gens moins
fortunés se préparaient des décoctions dans du vinaigre, et portaient une
éponge imbibée de ce vinaigre à leur nez.
Avant de rendre visite aux malades, le médecin demandait
des fumigations. Il se protégeait le nez avec des pommes de senteur, ou des
éponges imbibées de vinaigre.
Pour renforcer les vertus des plantes aromatiques, des
matières caustiques étaient rajoutées pour soigner les malades.
La distillation arriva en occident au XIVème siècle,
quand elle était, déjà, connue des arabes depuis le VIIème siècle.
Cette technique permit de créer l’Eau de la Reine de
Hongrie en 1370, parfum de feuilles et fleurs de romarin, distillés avec
l’esprit de vin. Parée de quantités de vertus, cette eau aurait permis à la
reine de Hongrie de retrouver sa beauté, sa jeunesse, et de sa marier au roi de
Pologne.
Par la suite, cette eau fût enrichie avec d’autres
essences. Ce parfum pouvait aussi se boire.
Le succès de cette eau suscita des copies dont L’Eau des Carmes, encore vendue de nos jours en
pharmacie. Mélisse, thym, romarin, marjolaine, angélique, sauge, et des épices,
anis vert, cannelle, coriandre, citron vert en écorce, coriandre et clou de
girofle entraient dans sa composition.
A partir du XIVème
siècle, l’eau devint suspecte. Les médecins disaient qu’elle faisait dilater
les pores, et rentrer les miasmes. Les bains ne furent plus d’usage. Les
parfums ou le vinaigre étaient utilisés pour se laver.
Sous Louis XIV, la
parfumerie devint une profession définie. Le roi soleil faisait venir ses
plantes du Jardin des Plantes, crée par Louis XIII.
Au XVIIIème siècle,
Marie-Antoinette avait demandé à ses parfumeurs de lui préparer une eau parfumée
pour ses douleurs lombaires.
Au début du XIXème siècle, Napoléon sépara la parfumerie
de la médecine, car il y avait trop d’escroquerie (décret de 1810).
Les parfumeurs devaient, désormais soumettre la formule à
un comité secret. Ces derniers, plutôt que de divulguer les formules,
préférèrent ne plus créer de parfums thérapeutiques. Sauf Jean-Marie Farina
avec l’Eau de Cologne qu’il introduisit dans toute l’Europe. Il avait, le grand
avantage, d’avoir Napoléon comme client. L’Eau de Cologne pouvait se boire
aussi.
La deuxième partie
du XIXème siècle vit l’avènement de la chimie de synthèse, et fit sortir les
parfums des jardins. Dès lors les parfums n’eurent plus leurs propriétés
thérapeutiques.
De nos jours, la demande de produits naturels redevient
forte. Et certains parfums visent le bien-être comme l’Eau Dynamisante de Clarins,
une eau de soin.
Dans les hôpitaux, des huiles essentielles sont, de
nouveau, employées pour apaiser les patients.
Les parfums qui soignent, avec des matières premières
naturelles, sont en train de reprendre leur place dans nos sociétés
occidentales.
Merci à Mme Annick
Le Guérer pour cette conférence passionnante, foisonnante d’informations, qui
donne envie de continuer à se documenter sur le pouvoir thérapeutique des
parfums.
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