lundi 14 mai 2018

"L'Iris en majesté"


« L’Iris en majesté », c’est le titre d’une des conférences thématiques  de l`Osmothèque donnée, avec ferveur, par Bernard Bourgeois, parfumeur, osmothécaire.  Ce parfumeur nous a présenté cette matière première si singulière, et certains parfums des XXème et XXIème siècle, auxquels l’iris a donné tant d’élégance et de noblesse.

Quelques mots sur l’étymologie. Dans la mythologie grecque Iris était la messagère des dieux, l’équivalent féminin d’Hermès. Les poètes prétendaient qu’un arc-en-ciel était la trace laissée par le passage d’Iris sur terre. Le terme iris est associé à la fleur à partir du XIIIème siècle, en raison de la coloration de ses pétales.

Déjà utilisé dans l'antiquité, l'iris revient en France avec les gants parfumés à l'iris de Catherine de Médicis.

Originaire de Macédoine, l’iris est très fréquent dans les régions méditerranéennes.
Le genre iris contient plus de 200 espèces. Deux sont utilisées pour la parfumerie :
-       Iris Pallida cultivé originellement en Toscane, aujourd’hui, aussi, en France (Chanel) et en Chine
-       Iris Germanica cultivé au Maroc
Iris Pallida
Iris Germanica
Ce sont les rhizomes et non les fleurs qui ont un intérêt pour la parfumerie.

En Italie, l’iris pousse dans des sols caillouteux aux terrains pentus, où la mécanisation est difficile. Les fleurs sont plantées entre septembre et octobre. Ce n’est que trois ans plus tard que les rhizomes sont arrachés en été. Ils sont nettoyés, et séchés quelques jours au soleil. Puis, ils sont entreposés dans des sacs de jute pendant trois années supplémentaires, jusqu’à dessiccation complète. C’est au cours de cette dernière longue étape, que les rhizomes développent une molécule : l’irone, constituant déterminant pour la richesse et la densité olfactive.

En Chine, la qualité est irrégulière à cause des 3 années de séchage pas toujours respectées.

Au bout de ses six années au total, les rhizomes sont réduits en poudre. Cette poudre d’iris est infusée dans l’eau avant l’hydro-distillation, qui permet d’obtenir le beurre d’iris ou concrète.
4000 kg de rhizomes frais d’iris pallida sont nécessaires pour obtenir 2 kg de beurre d’iris (teneur en irone : 15%)
Le prix de ce beurre varie de 15 000 à 100 000 euros/kg.
Nous avons eu la chance de sentir ce beurre d’iris pallida, fruit d’une longue attente, au parfum poudré, boisé, terreux, floral violette, persistant, tenace et dense.
Lorsqu’il est produit en Chine, son odeur est davantage cuirée.

Ce beurre d’iris peut évoquer la terre séchée au soleil d’un paysage de Toscane.

Vincent Van Gogh
Le beurre d’iris peut, ensuite, être diluée dans un solvant, puis distillé sous vide, afin d’obtenir l’absolu d’iris. Le rendement de cette dernière étape est de 35%, soit 700 gr d’absolu d’iris obtenu à partir de 2kg de beurre d'iris (teneur en irone : 70%).
Le prix de cet absolu d’iris varie entre 100 000 € et 140 000 €/kg.
L’absolu d’iris a une odeur plus puissante, chaude, rémanente que le beurre d’iris. Son parfum est d’une grande puissance florale avec une facette légèrement fruitée.
L’usage de cet absolu est réservé aux parfums d’exception.

Même ajouté en trace dans un parfum, l'extrait d'iris apporte un effet.

L’iris germanica quant à lui est cultivé au Maroc. La durée de séchage des rhizomes y est aléatoire. Il en résulte une teneur en irone très variable.
Les rhizomes de l’iris germanica, dit iris noir, sont décortiqués, tranchés en lamelles. Pour cette variété d’iris, c’est l’extraction au solvant volatil qui est utilisée pour obtenir le résinoïde d’iris. Le rendement est de 3,8%.
Nous avons pu sentir ce résinoïde d’iris germanica, très différent sur le plan olfactif par rapport à l’iris pallida. C’est une note ronde, une alchimie entre boisé et ambré. Des notes de chocolat amer, et de thé peuvent être perçues également.
Le résinoïde d’iris peut évoquer un parfum de campagne en plein été avec quelques sensations de foin, et de tabac blond.

Puis, nous avons senti des parfums des XXème et XXIème siècles, ambassadeurs de cette superbe note :

-         Après l’Ondée de Jacques Guerlain (1906) – Oriental fleuri épicé
-          L’Heure Bleue de Jacques Guerlain (1912) – Oriental fleuri
-          Iris de Coty (1913) – Soliflore Iris
-          Vent Vert de Balmain (1945) – Germaine Cellier – Fleuri vert
-          Iris Gris de Jacques Fath – (1947) – Vincent Roubert – Fleuri fruité boisé
-          N°19 de Chanel – (1970) – Henri Robert – Floral vert
-          24 Faubourg d’Hermès – (1995) – Maurice Roucel – Fleuri boisé
-          Hiris d’Hermès – (1999) – Olivia Giacobetti – Soliflore iris
-          Iris Silver Mist de Serge Lutens – (1994) – Maurice Roucel – Soliflore iris
-          Dior Homme (2005) – Olivier Polge – Boisé épicé
-          Eau de Gentiane Blanche d’Hermès (2009) – Jean-Claude Ellena – Hespéridé fleuri boisé
-          Misia de Chanel (2015) – Olivier Polge – Fleuri oriental
-          Ambre Cashmere Intense de Nicolaï (2015) – Patricia de Nicolaï - Oriental
-          Le Cri de la Lumière (2017) - Marc-Antoine Corticchiato – Chypré fleuri

C’était sensationnel de pouvoir sentir les versions originelles des parfums les plus anciens, et de découvrir certains parfums extraordinaires, aujourd'hui disparus, comme Iris Gris.
Tous ces parfums sont magnifiques. Mes coups de cœur vont vers Après l'Ondée, Hiris, Dior Homme, et Le Cri de la Lumière.

Merci à Bernard Bourgeois et à l’Osmothèque pour cette conférence passionnante. 

mercredi 31 janvier 2018

Expositions saisonnières au Grand Musée du Parfum


Le Grand Musée du Parfum propose, en ce moment, trois expositions temporaires :


-          Subodore de Chantal Sanier, des parfums imaginés autour de personnages emblématiques de l’histoire de France


-          Parfums de Légende, du designer de flacons Pierre Dinand


-          Méditations sur le parfum du calligraphe Lassaâd Metoui


L’exposition Subodore de Chantal Sanier invite à se plonger dans l’histoire du Palais Royal au travers de 10 parfums créés pour évoquer 10 personnages du XVIIème et XVIIIème siècles, emblématiques de ce lieu.


Les parfums sont installés dans de grandes sphères en terre cuite. En nous inclinant vers ces sphères, nous sommes conviés à vivre des émotions, liées à l’histoire de France.


Ainsi, un parfum d’encens, et de benjoin évoque Richelieu. L’encens rappelle sa vie d’ecclésiastique. Le benjoin a, peut-être, été choisi par l’artiste pour suggérer le goût de l’opulence du cardinal. Une autre sphère nous invite à nous pencher sur l’enfance de Louis XIV. Pour ce parfum, l’artiste a sélectionné des notes de plantes amères pour les temps de solitude du futur Louis XIV, orphelin de père à cinq ans, et le jasmin pour son long règne à venir.


Ces deux histoires olfactives ont particulièrement retenu mon attention.


Le petit livret de cette exposition donne des informations complémentaires.






Une autre exposition présente une collection de flacons dessinés par Pierre Dinand. C’est avec Femme de Rochas en 1957 que la carrière de ce designer commence. M Dinand a créé plus de 1000 designs de flacons en 60 ans de carrière, et exerce toujours son métier. Certaines créations nous sont familières, car ce sont des parfums de légende. Une vidéo du créateur permet de découvrir des anecdotes captivantes sur ces flacons. J’ai trouvé intéressant d’apprendre, par exemple, que le design proposé par Pierre Dinand à Yves Saint Laurent en 1976 est à l’origine du nom du parfum Opium. En effet, le designer a proposé à Yves Saint Laurent un dessin de flacon, inspiré d’un inrô japonais. L’inrô était une boîte avec plusieurs compartiments, portée par les hommes, et notamment les samouraïs à la taille.  Yves Saint Laurent a reconnu la source d’inspiration, et s’est rappelé que les samouraïs y plaçaient des plantes médicinales et, parfois, de l’opium d’où l’idée du nom !



Au second étage sont exposés des tableaux du calligraphe Lassaâd Metoui. Un de ces tableaux « Kansubaki, le camélia sasanqua » trace des correspondances entre parfums et arômes, car les fleurs de camellia sasanqua étaient utilisées pour parfumer le thé vert au Japon. 


Les 7 méditations sur le parfum, livre de Lassaâd Metoui, peut être consulté au deuxième étage et à la boutique, et présente l’ensemble des œuvres de calligraphie de l’artiste autour des parfums. Les tableaux y sont présentés avec des textes d’écrivains et de poètes.


Certaines expositions seront bientôt terminées alors venez vite les découvrir tant qu’il est encore temps au Grand Musée du Parfum !

jeudi 23 novembre 2017

"La noblesse méconnue du Patchouli"

Des conférences sont organisées avec l’Osmothèque, et j’ai pu récemment assister à l’une d’elles, intitulée « la noblesse méconnue du patchouli ». Une première partie de cette soirée, consacrée à  l’huile essentielle de patchouli, était présentée par Daniel Joulain, ancien directeur de recherche chez Robertet, spécialiste des matières premières. La deuxième partie visait à illustrer l’utilisation du patchouli en parfumerie fine de 1970 à nos jours, et était présentée par Patricia de Nicolaï, parfumeur, et présidente de l’osmothèque.

Quelques mots d’histoire nous ont été donnés par Daniel Joulain :
Des traces de patchouli (patchoulol) ont été retrouvées dans des tombes gréco-romaines datant de plus de 1700 ans, à Thessalonique. Le patchouli devait, donc, déjà être connu et utilisé dans l’antiquité.
Certains écrits de pharmacie mentionnent le patchouli comme répulsif des insectes, à partir de 1826.
Au XIXème siècle, les feuilles de patchouli sont utilisées pour préserver les étoffes des mites dans les cargaisons, au départ de l’Inde pour l’Europe.
Dès 1844, des caisses de feuilles de patchouli sont importées en Angleterre, et dès lors, les ventes de ces feuilles augmenteront.
Par ailleurs, des écrits datant de 1869 stipulent que le patchouli est bien connu des parfumeurs.
Le patchouli revient sur le devant de la scène dans les années 1970, avec les hippies.

De nos jours, la production d’huile essentielle de patchouli est de l’ordre de 1200t/an. C’est une des matières premières les plus utilisées dans l’industrie de la parfumerie. Les principaux pays producteurs sont l’Indonésie (85% du volume), la Chine, l’Inde, la Malaisie, les Philippines, Madagascar, les Seychelles, le Brésil, l’Uruguay, et les Antilles.


Patchouli se dit en hindi « patcholi », en tamoul « patch ilai », et en indonésien « nilam ».

L’huile essentielle peut avoir un aspect foncé à cause du fer qui provient des alambics. Elle peut, par la suite, être éclaircie avec divers procédés, et est, alors, plus onéreuse. Le prix (qualité Indonésie) est d’environ 60 $/kg actuellement. Le patchoulol est le constituant principal, et doit être présent à hauteur de 30% environ.
A Grasse, de l’absolu de patchouli est encore produit.

L’odeur de patchouli est couramment décrite comme terreuse, de cave, camphrée.
Nous avons pu sentir, lors de la soirée, l’absolu de patchouli, et l’essence de patchouli. L’absolu me semble plus chaud, plus rond, plus ambré que l’essence. L’essence me donne un effet plus aromatique, camphré, herbacé.

J’ai appris que les feuilles de patchouli fraîches ne sentent presque rien. La fermentation et le séchage des feuilles jouent un rôle clef pour l’odeur. L'étape du stockage de l’huile essentielle a, aussi, son importance pour l'odeur.

La chromatographie couplée à des sniff tests permet de sentir, parmi les constituants de l’huile essentielle de patchouli, des molécules avec une facette safran, vétiver, ambre gris,…L’identification d’autres structures de molécules pourrait révéler des ingrédients intéressants pour la parfumerie.


La deuxième partie de la soirée nous a permis de sentir l’influence du patchouli dans la parfumerie fine.

Les parfums suivants ont été sélectionnés par Mme de Nicolaï, et nous ont été donnés à sentir :

-          Patchouli de Réminiscence - 1970 – Oriental boisé - Sozio
-          Aromatics Elixir de Clinique – 1972 – Chypré fleuri – Bernard Chant (IFF)
-          Gentleman de Givenchy – 1974 – Boisé chypré – Paul Léger (Firmenich)
-          Mystère de Rochas – 1978 – Chypré fleuri aldéhydé – Max Gavarry (IFF)
-          Polo de Ralph Lauren – 1978 – Fougère cuir vert – Carlos Benaim (IFF)
-          Angel de Thierry Mugler – 1992 – Oriental gourmand – Olivier Cresp (Quest Givaudan)
-          Patchouli Patch de L’Artisan parfumeur – 2002 – Boisé musqué – Bertrand Duchaufour
-          Bornéo 1834 de Serge Lutens – 2005 – Boisé cuir gourmand – Christopher Sheldrake
-          Coromandel de Chanel – 2007 – Boisé ambré – Jacques Polge
-          Patchouli intense – 2009 – Boisé ambré – Patricia de Nicolaï
-          Patchouli impérial – 2011 – Boisé ambré poudré – François Demachy
-          Straight to Heaven Extreme – 2017 – Boisé ambré gourmand – Sidonie Lancesseur (Robertet)

Tous ceux de la parfumerie confidentielle dont le nom évoque clairement la matière première sont construits autour de cette thématique; chacun avec une approche différente. Le patchouli est, par ailleurs, clé dans la structure des chypres. 
Mes préférences vont au Patchouli de Réminiscence pour ses nuances ambrées vanille, au Patchouli Patch de l'Artisan parfumeur pour ses nuances lavande et iris, et à Coromandel de Chanel notamment pour ses nuances jasmin, encens.
La liste donnée ne pouvait être exhaustive. Pour ma part, j’associe, aussi, le patchouli au parfum Prada de Prada.

De nos jours, le patchouli est incontournable dans la parfumerie comme en attestent les productions d’huile essentielle, et sa présence dans la parfumerie fine. Cette matière première a encore de beaux jours devant elle.

lundi 23 octobre 2017

Découvertes au salon Cosmetic 360 – Réalité virtuelle, merchandising, plateforme de design olfactif

Durant le salon Cosmetic 360 dédié à toutes les formes d’innovations dans l’univers de la beauté (technologies, ingrédients, produits, process, services…), quelques nouveautés destinées à l’évènementiel et au retail ont retenu mon attention.

Createenaddict, a développé, notamment, une innovation en réalité virtuelle, en partenariat avec la société Scentys, une société experte en diffusion de parfums.
 Un casque et des manettes m’ont été confiés, afin d’expérimenter cette réalité virtuelle. Le casque permettait de visualiser une table, sur laquelle étaient disposées des cloches. Une mappemonde était située à l’arrière de cette table. Lorsque j'ai soulevé une des cloches avec les manettes devenues des mains électroniques dans le monde virtuel, des fleurs de jasmin sont apparues, une brise agréable de cette fleur a été diffusée, et la provenance s'est affichée sur la mappemonde. D’autres cloches révélaient différentes matières premières.


Cette innovation de réalité virtuelle sensorielle est immersive, ludique et enthousiasmante. Elle peut être utilisée, par exemple, pour un lancement de parfum presse, ou pour un évènement en boutique.

De nombreux outils digitaux sont proposés par cette agence, pour le merchandising.  

Des lunettes de réalité augmentée permettent de visualiser un décor en hologramme, autour d’un produit réel, disposé sur une surface réelle.

Les boîtes vidéo interactives sont, aussi, très intéressantes.  Lorsque le client potentiel attrape un produit dans la boîte, un film correspondant au produit saisi, est diffusé sur l’écran.

Plus d’informations sur https://www.createenaddict.com/

Une autre innovation "wet and see" m'a séduite. Elle est proposée par Scentis, une société de touches à sentir (www.scentis.fr).
Lorsqu’ un spray de parfum est appliqué sur le blotter, une image apparaît. Lorsque le papier devient sec, l’image disparaît. Et il est possible de la faire apparaître de nouveau avec un autre spray de parfum.

Cette innovation est amusante, et renforce le caractère toujours un peu magique du parfum.

Enfin, la plateforme Myriscent me semble prometteuse, avec une technologie brevetée basée sur dix ans de recherche, qui corrèle émotions, couleurs, et odeurs…



Sur la plateforme, il suffit de renseigner la cible du parfum (femme, homme), de sélectionner des émotions dans une liste, puis des couleurs. La plateforme établit, alors, un indice de cohérence. Si cet indice est jugé trop faible, il est possible de jouer sur les paramètres initiaux, pour l'améliorer. Lorsque l'indice est jugé convenable, la technologie suggère des listes de matières premières à utiliser en tête, cœur, fond du parfum. (Plus d'infos sur https://myrissi.fr/).

Beaucoup d'innovations étaient présentées à ce salon. Ont été évoquées, dans ce billet, celles qui m'ont le plus interpellée.

jeudi 12 octobre 2017

Le Roman des Guerlain, par Elisabeth de Feydeau


Avec le concours du CEW (Cosmetic Executive Women), j’ai pu assister à une conférence donnée par Mme Elisabeth de Feydeau, sur son dernier livre : « Le Roman des Guerlain ». Nous avons été reçus, au 68 avenue des Champs-Elysées, dans l’écrin fondateur de la Maison, dédié au parfum.
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J’avais déjà un livre de Madame de Feydeau : Les Parfums Histoire Anthologie Dictionnaire.

Pour ce nouvel opus, l'auteur a pu échanger avec une de ses amies de longue date, Madame Elisabeth Sirot, directrice du patrimoine de Guerlain. L’écrivaine a eu, aussi, accès aux archives Guerlain, et a créé un roman, à partir de cette profusion d’informations.


 Fondée en 1828, la Maison Guerlain fêtera l’année prochaine ses 190 ans.

Mme de Feydeau nous conte cette saga familiale. Tout commence avec Pierre-François-Pascal Guerlain (1798-1864), qui s’oriente, dès ses 19 ans, vers les parfums, avec un poste de commis marchand, chez Briard Parfums. Fils d’un potier d’étain, chandelier, marchand d’épices, les odeurs de cannelle, de vanille, de clous de girofle et d’autre ingrédients ont dû nourrir son imagination, dès son enfance.

En 1817, la parfumerie bénéficie, de nouveau, d’un climat favorable. A la révolution, les parfumeurs étaient pourchassés, car associés à la cour. C’est à la parfumerie anglaise qu’a profité la discrétion de la parfumerie française, entre la fin du XVIII et 1830.

Pierre-François-Pascal Guerlain est animé d’indépendance et d’ambition. En 1828, il s’établit, à son compte, à Paris, pour y vendre des produits de beauté d’importation britannique, et quelques créations de sa production (suite à un séjour en Angleterre, où il a suivi un apprentissage). Son catalogue reprend, aussi, des références de chez Briard…

Illustration du livre "Le Roman des Guerlain" - Portrait de Pierre-François-Pascal Guerlain



En 1830, il épouse Louise-Adélaïde Boulay, fille de médecin, avec qui il aura 5 enfants.
Les femmes des artisans, à cette époque, jouent un rôle important. Elles tiennent les comptes, entretiennent de bons rapports avec les clients, et éduquent les enfants pour la suite.

Les produits cosmétiques sont présentés, de manière moderne, avec des revendications scientifiques (élasticité de la peau, protection de la peau, hydratation…). Pierre-François-Pascal Guerlain doit être aidé par son beau-père, dans cette démarche. Cette approche scientifique se constate, par exemple, avec les produits proposés à base de riz, pour remédier aux rides, dont on croit, en ces temps-là, qu’elles sont dues à l’humidité.

Avec le succès, Guerlain quitte la rue de la Rivoli pour la rue de la Paix. Les clientes y sont accueillies dans de très chics salons.


Grâce à une Eau de Cologne offerte à l’Impératrice Eugénie, Guerlain reçoit, en 1853, le document de fournisseur officiel de l’Impératrice. Avec ce coup de maître, il va, désormais, pouvoir toucher  toutes les cours d’Europe. Il créera un flacon avec un décor d’abeilles, symbole impérial. Il sera à l’avant-garde en étant un des premiers à créer des flacons semi-manufacturés.

Illustration du livre "Le Roman des Guerlain" - Portrait de l'Impératrice Eugénie et flacon butiné de 69 abeilles

A partir de 1860, il se fait aidé par deux de ses enfants : Aimé et Gabriel. Il meurt en 1864.

Aimé et Gabriel poursuivent l’ascension de la société, en étant toujours tournés vers l’innovation.
Ainsi, Aimé Guerlain, avec Jicky, en 1889, est un des premiers à introduire, dans une formule de parfum, des molécules de synthèse : de la coumarine (isolée à partir de la fève Tonka), du linalol (issu du bois de rose), et de la vanilline (dérivé d’une sève de conifère).

Aimé Guerlain passera la main, ensuite, à son neveu Jacques. La création de beaux parfums, inspirés par des muses, se poursuit, ensuite, avec Jean-Jacques Guerlain, fils de Jacques, et Jean-Paul Guerlain, son petit-fils.


Cette conférence donne envie d'en découvrir davantage sur l'histoire passionnante de cette réussite familiale, et d'en lire le roman.
Lors de cette soirée, les participants ont eu l'agréable surprise de se voir offrir le livre par la Maison Guerlain, et j'ai été ravie d'avoir une dédicace de l'auteur.



Guerlain a marqué de son empreinte les familles françaises. Quand ma grand-mère s'offrait quelques produits de beauté, c'étaient des Guerlain. Ma mère, en souvenir de la sienne, est, aussi, très attachée à cette Maison. Et cet attachement se poursuit à travers les générations.

jeudi 28 septembre 2017

Rives de la Beauté : l’univers des parfums du créateur Hervé Gambs

A l’occasion des Rives de la Beauté, je me suis inscrite à l’atelier : « Les matières premières naturelles dans les collections de parfums Hervé Gambs »
C’est dans son showroom, rue des Minimes, que le créateur en personne nous accueille. Nous sommes invités à nous installer côté salon, face aux parfums.
Architecte d’intérieur, designer, créateur de parfums, Hervé Gambs nous a présenté son univers, et sa démarche créative dans ses collections : Colognes Intenses, Eaux de parfum, et Parfums Couture.
Hervé Gambs a longtemps travaillé le végétal, puis a concentré son activité dans la « mise en bouteille » des belles matières premières naturelles végétales.
90% des matières premières utilisées dans ses parfums sont des naturels.
Instinctif et sophistiqué à la fois, son processus créatif, autour d’ingrédients naturels coup de cœur, privilégie les sensations et les émotions.
Chacune de ses collections propose des parfums avec des profils différents : consensuel, axé autour de la sensation, ou carrément singulier.
Parmi tous les parfums Hervé Gambs, je vous parlerai de ceux qui ont ma préférence, dans chaque collection.


La Collection Colognes Intenses nous emporte dans les souvenirs heureux des vacances d’été.
J’ai été particulièrement touchée par deux parfums de cette collection, qui m’ont fait revivre des moments joyeux : Baies des Anges et Domaine du Cap.
Le créateur évoque, avec Baies des Anges, un souvenir d’enfance de vacances sur la Riviera. Les notes hespéridés, d’ylang et de crème glacée à la vanille, font ressurgir, avec bonheur, les moments d’insouciance, au bord de la mer. Hervé Gambs nous a fait sentir, en premier lieu, deux des matières premières à la source de son inspiration: le pamplemousse et l’Ylang Ylang.

Pour Domaines du Cap, l’ingrédient qui a interpellé le créateur est le fenouil sauvage. C’est une note anis, avec des nuances épicées, herbacées. Basilic, citron, romarin, cèdre et vetyver accompagnent cette facette anisée singulière. Ce parfum me rappelle, aussi, des souvenirs agréables de promenades en été, dans le maquis.


Les parfums de la Collection Eaux de Parfum se déclinent autour d’un même cœur de cèdre de l’Atlas, et de bouleau. Des matières que nous avons été invités à sentir.
C’est Bois Dahman qui m’a le plus séduite. Ses notes boisées poudrées de santal, épicées chaudes de safran,  et rondes amandées de Tonka adoucissent et réchauffent le cœur de cèdre-bouleau.

Les parfums de la Collection Couture comportent davantage d’ingrédients, et sont plus concentrés. Une signature ambrée, ou vanille est présente dans la plupart des fragrances de cette collection.
Là aussi, j’ai des inclinations.
Jardin Privé dont les matières clés sont la bergamote et le thé vert m’a plu. Ce parfum autour d’un accord Earl Grey est frais, beau et chic.
Enfin, la Rose Damascena est à l’honneur dans Coup de Grâce. La fragrance déploie toute la force, et les nuances de cette essence. Et une note de safran vient l’agrémenter de manière originale.

Merci à Hervé Gambs et Bruno Loste, son collaborateur pour cet atelier.
Merci au designer de parfums d’avoir partagé son univers, et ses inspirations. Des parfums crées avec audace, et sensibilité, que j’ai eu plaisir à découvrir.

jeudi 14 septembre 2017

Rives de la Beauté : une belle installation olfactive à découvrir

Dans le cadre des Rives de la Beauté, j'ai visité une belle installation, que je vous recommande :

Au 66 rue Charlot, dans le 3ème arrondissement, une superbe installation vous guide, olfactivement, à travers les villes desservies par le Thalys : Paris, Bruxelles, Amsterdam, Cologne.

Le dépliant, remis à l’entrée de l’exposition, vous invite à découvrir différents lieux, pour chaque destination. A Paris, par exemple, sont suggérées 16 adresses au travers de 16 parfums, de l’Hôtel Molitor, au cimetière du Père Lachaise.


Pour les villes déjà visitées, c’est un plaisir de s’y replonger grâce à des odeurs emblématiques, comme celles des gaufres ou speculoos, à Bruxelles.
Pour les villes à découvrir, ces fragrances en donnent un avant-goût, et invitent au voyage.
Les notes ont été pensées et conçues avec Elisabeth Carre, Perfume designer indépendante, et Drom Fragrances
Plus d'infos avec la vidéo de l’exposition : https://www.youtube.com/watch?v=FI2l799Y6QU